Le coaching Bisounours

Le coaching professionnel fait aujourd’hui partie des mots à la mode. Et comme tous les mots à la mode, il est souvent utilisé à tort et à travers.

La plupart du temps, le coaching professionnel est associé à un métier d’expert :

– coach en nutrition (= diététicien),

– coach vocal (= professeur de chant),

– coach immobilier (= agent immobilier),

– coach de grossesse (= sage femme),

– coach parental (= thérapeute),

– etc.

Les experts concernés n’en sont pas toujours mais, au moins, le titre qu’ils se donnent ne dupe pas grand monde.

Derrière le mot coach, on reconnaît facilement des professions qui ont longtemps porté d’autres noms et qui, aujourd’hui, croient utile de le changer, quitte, parfois à se ridiculiser (voir love coach, coach de vie, coach canin…).

Le coach bien-être

En revanche, cela se complique lorsque des professions proches du coaching et souvent en mal de reconnaissance s’approprient le terme « coach ».

Cela concerne notamment les innombrables consultants et formateurs dont le métier a pour but d’améliorer la communication, le développement personnel et le bien-être des personnes.

Le fait que de nombreux professionnels du bien-être en entreprise se présentent comme coachs me gêne car je ne me reconnais pas dans cette définition du coaching professionnel.

(Les définitions auxquelles j’adhère répondent au référentiel de compétences de l’International Coach Federation)

Surtout, je crois qu’elle ne correspond pas aux besoins de l’entreprise qui souhaite développer durablement son niveau de performance.

Le collectif, ce n’est pas s’aimer.

Penser que tout le monde est copain est une illusion.

Claude Onesta, ancien sélectionneur de l’équipe de France de handball

Peu importe quelles équipes ou quelles organisations sont vos modèles. Observez-les et étudiez-les. Aucune d’entre elles ne prétend vivre dans le monde des Bisounours.

Toutes connaissent des moments de tension, des périodes de malaise, d’inconfort chez les uns ou chez les autres. Parce que c’est…humain !

Et parce que ce sont souvent ces moments là qui leur permettent d’innover et de développer une capacité unique à s’adapter aux challenges à venir.

L’entraîneur de handball Claude Onesta a accompagné l’équipe de France masculine pendant 15 ans. Ensemble, ils ont gagné les titres de double champion olympique, double champion du monde et triple champion d’Europe. Il ne s’agit ni plus ni moins de l’équipe la plus titrée au monde, tous sports confondus, depuis plus de 20 ans !!!

Dans son livre Le Règne des affranchis, Claude Onesta ne cache pas qu’il lui arrive de dire « des choses qui fâchent » à ses joueurs. Tout comme la réciproque est vraie, bien que plus rare a priori. Surtout, le coach s’applique régulièrement à créer de l’attention, et donc de la tension chez et entre les joueurs.

Il sait mieux que personne que l’inconfort psychologique permet à son équipe de remettre en question ses habitudes et de développer des comportements alignés avec ses ambitions. Pour autant, l’ambiance était-elle invivable chez les « Experts », comme on a surnommé l’équipe de France masculine de handball ?

Et bien non, c’était même plutôt le contraire ! Demandez aux Danois, aux Croates, aux Espagnols et à toutes les équipes nationales qui ont défié nos champions. Ils rêvaient tous de mettre en échec les Français et étaient à l’affût des moindres signes de faiblesse y compris dans la cohésion de leurs adversaires. Mais de 2008 à 2017 au moins, ils n’ont rien eu à se mettre sous la dent de ce côté là non plus.

LA BONNE ENTENTE ENTRE LES MEMBRES D’UNE EQUIPE N’EST QU’UNE CONSEQUENCE DE SON SUCCES

Comme dans toutes les équipes qui excellent, il n’y a pas de problèmes relationnels entre les handballeurs français. Pas parce qu’ils s’entendent naturellement bien entre eux. Mais parce qu’ils gagnent !

S’ils devaient adopter, ne serait-ce qu’une attitude de perdants, soyez sûr(e) que la presse fera alors écho des tensions relationnelles qui ne manqueront pas de jaillir presque immédiatement entre tel(s) et tel(s) joueur(s).

Il se passe la même chose en entreprise.

Voilà pourquoi j’accompagne mes clients dans le développement de leur performance plutôt que dans l’amélioration de leurs relations interpersonnelles.

J’aime les réunions où les participants se parlent franchement. Où ils sont déstabilisés. Où ils finissent, non sans douleur, par définir et partager de nouveaux objectifs et plan d’actions et à l’issue desquelles chacun est remonté comme un ressort pour passer à l’action.

Je les préfère aux innombrables réunions lisses pendant lesquelles chacun fait des grands sourires à son voisin alors qu’aucun sujet n’avance et où, à la fin, tout le monde retrouve ses bonnes vieilles habitudes…et ses frustrations.

La bonne entente entre les personnes qui forment une équipe n’est pas la cause de son succès, c’est juste une des conséquences.

Et chez vous, on s’entend comment ?


Pour compléter ou approfondir le sujet :

L’approche Coaching d’équipe de Métavie

– L’article Le diktat du bien-être au travail

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6 Commentaires

  • Patricia - 7 mai 2015

    Bonjour Laurent

    Le titre m’a interpellée et amusée. Et en vous lisant, les premières phrases n’ont fait que confirmer ce qui est une évidence : le mot coach se ballade à toutes les sauces et trop de personnes se ruent sur ce titre pour être reconnues.
    Plusieurs fois, des personnes ont voulu me mettre dans cette case alors que je fais mon activité depuis bien avant que ce mot et les formations qui vont avec existent. Je ne me suis jamais reconnue dans ce terme et j’ai persévéré dans mon alignement. Je ne suis pas une consultante non plus, de temps à autre, une formatrice qui se fait plaisir.
    Pas toujours évident de ne pas répondre au système et à ses cases où, si vous n’y entrez pas, on vous regarde avec de gros yeux et j’entends : »Mais alors, vous faites quoi exactement ? »
    Je suis une accompagnante, voilà ce que je leur réponds. Parce que j’aime ce terme qui fleure bon le cheminement, un rythme lent, rapide ou modéré suivant la personne auprès de laquelle je me tiens, sa qualité de présence aussi, son écoute profonde et bienveillante.
    Je sais, je sais, vous allez me dire que l’on peut être coach et faire la même chose mais comme vous le dites si bien, l’essentiel c’est de se sentir à sa juste place, aligné avec ses valeurs, ce que l’on est et ce que l’on fait.
    Ravie de découvrir votre blog et longue vie à votre nouveau cap !
    Patricia

    • Laurent Manuel - 13 mai 2015

      Merci Patricia pour votre témoignage, qui me parle bien-sûr !
      Je suis bien d’accord avec vous, peu importe le titre. Mes clients, et probablement les vôtres, s’en fichent royalement car ils sont centrés sur leurs objectifs, pas sur les moyens.
      Au plaisir d’un nouvel échange,
      Laurent

  • Ellen Boel - 26 mai 2015

    Bonjour Laurent,
    Ton article fait écho à une phrase entendue en formation de coach « le coach n’est pas avant tout bienveillant, il est exigeant ». Une phrase qui m’a surprise -voire un peu choquée- et qui est pourtant tellement vraie! Bien sûr la bienveillance est souhaitable voire nécessaire mais le coach est payé pour permettre d’atteindre des résultats! Pour cela, il confronte, il ouvre de nouvelles perspectives … fait sortir le client de sa zone de confort pour atteindre les résultats qu’il souhaite.
    Ravie de te lire! Je te souhaite d’atteindre avec Metavie une vie professionnelle en accord avec tes aspirations profondes! Ellen

    • Laurent Manuel - 29 mai 2015

      Bonjour Ellen,
      Merci pour ton partage et j’espère à bientôt,
      Laurent

  • Christophe Peiffer - 15 octobre 2015

    J’aime ton regard sur le métier Laurent.
    D’autant plus qu’il correspond à la face opposée, mais complémentaire, de mon propre regard 🙂
    Quoi qu’il en soit, je suis convaincu qu’un client engagé dans son coaching y trouvera ce qu’il est venu chercher; de la confrontation et de l’exigence pour l’un, de la bienveillance et de la permission pour l’autre. Sachant bien sûr que toutes les configurations sont possibles et aboutiront à un résultat 😉
    A bientôt

    • Laurent Manuel - 15 octobre 2015

      Merci Christophe pour ton partage.
      A bientôt,
      Laurent

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