Le diktat du « bien-être » au travail

© Photo Anup Shah and Fiona Rogers

La souffrance croissante des cols blancs est telle aujourd’hui qu’elle nous pousse à déclarer que le bien-être au travail doit être l’objectif ultime des entreprises.

On nous abreuve d’enquêtes et d’études de cas qui tendent à montrer que plus les salariés sont heureux au travail, plus leur productivité augmente.

Des légions d’experts en management, de psychologues du travail, de formateurs et de journalistes nous expliquent que LA clé de la réussite d’une entreprise réside dans sa capacité à générer le bien-être chez ses collaborateurs.

Ainsi, de plus en plus d’entreprises s’emparent du sujet pour en faire un axe majeur de leur communication et, parfois, de leur mode de gouvernance.

Les entreprises qui parlent de bien-être au travail

Personnellement, cela m’interpelle. Depuis quand une entreprise a-t-elle pour finalité le bien-être de ses collaborateurs ?

Combien connaissez-vous d’entreprises qui assurent leur pérennité sur la base du bien-être de leurs salariés ?

Pour ma part, je n’en connais aucune. En revanche, j’ai croisé beaucoup d’organisations dont la culture est centrée sur la relation.

Dans ce type d’entreprises, l’importance des relations interpersonnelles prime sur le reste.

A votre arrivée, vous y êtes généralement chaleureusement accueilli(e). En peu de temps, on vous présente beaucoup de personnes de l’entreprise de manière spontanée.

L’ambiance est conviviale : on prend le temps de parler avec vous et on veille à rendre votre arrivée la plus agréable possible. Omniprésent, l’affect y est aussi souvent synonyme de tensions et de blocages.

Dans ce type d’entreprise, la culture impose souvent aux salariés de « faire plaisir », généralement plus à l’autre qu’à soi. Les idées nouvelles sont rapidement éliminées dès lors qu’elles risquent de déplaire.

Le maintien des « bonnes relations » entre les collaborateurs étant souvent la priorité de l’entreprise, peu d’initiatives voient le jour car il y a toujours quelqu’un que l’initiative va déranger.

Pour préserver de fragiles équilibres relationnels, on ne bouge donc pas…

Et les « entreprises libérées » alors ?

Les medias ont starisé les entreprises dites « libérées » comme Favi, ChronoFlex ou encore IMA Technologies.

Du succès (relatif) de ces aventures, ils ne retiennent souvent qu’une chose : l’illustration parfaite de l’impact du bien-être au travail des salariés sur la performance de l’entreprise.

Cependant, lorsqu’on prend le temps d’écouter leurs dirigeants, on constate que la réflexion première de ces entreprises tourne toujours autour de la même préoccupation : comment se réinventer pour continuer à exister ?

Aussi différentes soient-elles, ces entreprises ont en commun une attitude qui consiste à expérimenter des décisions et des actions radicalement différentes de ce qu’elles avaient culturellement l’habitude de faire.

Exemple : encourager l’esprit d’initiatives et l’innovation, jusqu’alors réservé à la direction, à tous les niveaux de l’organisation.

A travers ce type d’actions, ces entreprises sont passées avant les autres d’une culture de la connaissance à une culture de l’apprentissage.

Elles sont passées d’une organisation pyramidale et cloisonnée à une organisation qui favorise les initiatives et développe la responsabilité de l’ensemble des acteurs.

Au-delà de l’objectif visé, c’est-à-dire la viabilité économique, une des nombreuses conséquences de ce changement de paradigme est…un meilleur bien-être des salariés.

Autrement dit, dans les entreprises dites « libérées », le bonheur des salariés n’est pas la cause mais juste une conséquence de leur succès.

Ces organisations témoignent avec force et beaucoup de courage que le sujet principal concerne plus la capacité de l’entreprise à se réinventer qu’à cocooner son personnel.

Dès lors, que penser des entreprises qui se fixent comme priorité d’augmenter le bien-être au travail de ses salariés ?

Authentique élan d’humanisme ?

Ou stratégie pour éviter des transformations plus utiles mais qui remettraient davantage en cause leur mode de fonctionnement ?

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