Je vais mourir

© Photo by Rawpixel

J’ai récemment visionné une vidéo d’une entrepreneure qui disait « de toute façon, notre finalité on la connaît, c’est la même pour tout le monde donc, ce qui compte, c’est pas la finalité mais le chemin. »

Boum !

J’ai beau, comme vous, le savoir, ça m’a fait un choc de l’entendre de cette manière par quelqu’un qui semblait à la fois sereine et en même temps très sensible.

Comme si elle avait touché la mort de près et que cela avait radicalement changé sa manière de vivre.

Elle n’en faisait pas mention dans cette vidéo et d’ailleurs, ce n’est que mon ressenti. Mais je me suis dit : « c’est incroyable cette sensation, comme s’il fallait côtoyer la mort pour vivre davantage sa vie ! »

En l’occurrence, la femme qui témoignait est une chef d’entreprise qui a réinventé sa vie professionnelle et qui semble en être très heureuse.

La puissance des choses simples

Le concept lié au fait que nous allons tous mourir un jour, c’est pas franchement nouveau pour moi. Ni pour vous j’imagine.

En revanche, je me rends bien compte que je ne perçois pas ma vie comme cette femme perçoit la sienne. Je n’ai peut-être pas assez côtoyé la mort…

Tout en écrivant cette phrase, je me rappelle d’une conférence TedX au cours de laquelle l’intervenante parlait de son expérience de mort imminente, une « near death experience » comme disent les anglophones.

Dans son intervention, elle expliquait qu’après être « revenue » à la vie, elle se pensait investie d’une mission sur Terre : aider les autres à vivre pleinement leur vie, sans peur d’être jugé(e) mais avec l’enthousiasme d’apprendre.

Ce qui me fait penser à une petite phrase découverte dans le blog d’Olivier Massicot : « Nous, les occidentaux, avons peur de vivre ».

Peur de mourir ou peur de vivre ?

En ce qui me concerne, d’un côté, je n’ai pas du tout envie qu’un malheur soit nécessaire dans ma vie pour prendre davantage conscience de sa valeur.

De l’autre, je me rends compte que j’ai un sacré chemin à faire pour en profiter à 100%.

Pour, à chaque fois, recycler mes émotions négatives en occasions d’apprendre.

Pour me concentrer uniquement sur le positif et mettre de côté le reste.

Pour changer de lunettes lorsque je sens que je tourne en rond.

Pour accueillir ce qui est sans juger.

Pour nourrir mon essentiel et supprimer mes activités les plus futiles.

Bon sang, que c’est dur parfois !

Vous savez, ces moments où vous vous dites « mais qu’est-ce que je fais là ?! » Et au sujet desquels vous savez que vous avez bien mieux à faire.

Mais, au fond, si on a bien mieux à faire, qu’est-ce qui explique qu’on n’y consacre pas plus d’énergie ???

Manque de temps ?

Personnellement, je ne crois pas que ce soit un argument suffisant.

Bien-sûr, comme tout le monde, il m’arrive de me sentir débordé et d’avoir le sentiment de manquer de temps pour faire tout ce que j’ai à faire.

Mais mon expérience me montre que cet argument est aussi une excellente stratégie pour ne rien changer à ses habitudes (tout en clamant haut et fort qu’on aimerait les changer).

Je crois qu’un autre élément de réponse est : LA PEUR.

Oui, la peur de vivre SA VIE.

Pas celle que notre entourage aimerait qu’on vive. Pas celle dans laquelle nos parents, nos amis d’enfance ou nos collègues de bureau se projettent pour nous.

Non. Je parle d’une vie différente.

Différente du chemin tracé par les autres. Différente car écrite par personne. Même pas par nous qui la vivons.

Ou alors peut-être quand on était enfant.

Photo by Tevei Renvoyé

Il est temps de vivre la vie que tu t’es imaginée.

Henry James

Dans mon métier, je suis toujours interpellé par le nombre de clients qui, à un moment ou à un autre, me parlent de leur(s) rêve(s) d’enfant.

Quand cela arrive, c’est généralement bon signe. Signe qu’ils se débarrassent de leur armure et qu’ils se connectent à ce qui a du sens pour eux.

Signe aussi qu’ils n’ont plus peur de l’exprimer, au moins pendant nos séances, en attendant peut-être d’aller plus loin par la suite.

Au-delà du contenu du rêve d’enfant, je trouve intéressant de se connecter à la façon de voir le monde quand on était gamin.

Elle est en effet souvent bien différente d’aujourd’hui. Moins influencée, plus spontanée. Moins formatée par son environnement, plus guidée par son envie personnelle. Moins cartésienne, plus intuitive.

Les jeunes enfants ont souvent un niveau de confiance en la vie nettement supérieur au nôtre.

La plupart d’entre eux sont capables de passer du rire aux larmes puis de nouveau au rire en quelques secondes.

Ils vivent dans l’instant présent alors que les adultes adorent se faire des films sur leur avenir quand ils ne ressassent pas leur passé.

Belle leçon me direz-vous mais bon, les enfants ne savent pas toujours qu’il y a une fin alors que nous, on le sait !

Et ben justement, je crois qu’on pourrait s’en souvenir plus souvent.

Oui, notre vie a une fin.

Les choses ne sont pas difficiles à faire, ce qui est difficile c’est de nous mettre en état de les faire.

Constantin Brancusi

Je ne sais pas vous mais moi, le fait de me rappeler que je peux mourir à tout moment et peut-être plus rapidement que prévu, et bien cela me donne un bon coup de pied au cul pour aligner davantage mon quotidien avec mes aspirations.

Pour bousculer mon train train familier et suivre mes en-vie-s, là tout de suite, sans attendre plus longtemps.

Avec, au final, l’immense bonheur de me sentir plus vibrant, plus à ma place, plus utile, plus vivant.

Il est des rappels qui résonnent plus que d’autres…

J’ai envie de m’offrir et de vous offrir celui là : vous et moi, nous allons mourir 🙂

 

Parmi nos recommandations pour approfondir ce sujet :

Toute votre vie en semaines, ça donnequoi ? : traduction française par Max Mario du célèbre article de Tim Urban du blog WaitButWhy où l’on découvre une illustration du temps qui passe à travers les principaux jalons d’une vie humaine  

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4 Commentaires

  • Jérôme Vrignault - 28 novembre 2018

    Bonjour Laurent,
    Merci de cet article très intéressant, il y a de la métaphysique dans metavie !
    Je pense que tu as raison, avec le recul, l’épreuve de la souffrance que j’ai personnellement traversé m’a rapproché de l’essentiel, et notre chemin personnel il faut le vivre au présent, dans l’amour partagé, car demain peut ne pas être.
    Après en tant que chrétien, pour moi la mort n’est pas la fin mais un simple passage et en lisant ton texte sur le chemin, je n’ai pas pu m’empêcher de penser à cette phrase de Jésus-Christ (qui lui aussi est passé par une sacrée souffrance avant de mourir) dans l’évangile de St Jean : « Je suis le Chemin, la Vérité et la Vie »
    https://www.aelf.org/bible/Jn/14
    Et ça me fait juste plaisir de te partager ce texte que j’aime beaucoup, dans le respect le plus profond de la liberté de chacun de croire ou de ne pas croire. Amitié
    Jérôme

    • Laurent MANUEL - 29 novembre 2018

      Merci beaucoup Jérôme pour ton partage.
      A bientôt j’espère,
      Laurent

  • May Zaidan - 17 janvier 2019

    Bonne année Laurent et merci pour ce bel article qui nous rappelle combien notre vie sur terre est éphémère. Vivons chaque jour comme si c’était le dernier jour de notre vie…
    May

    • Laurent MANUEL - 17 janvier 2019

      Merci May. Je t’envoie plein de bonnes ondes 🙂

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